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Un gendarme fusille l'amant de sa 'femme' |
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Article posté par Arise1Always vu 1276 fois. [Yaoundé - Cameroun] - 15-10-2007 (Edouard TAMBA)
L’incident a eu lieu autour de 3h30 de matin, entame-t-il, nous étions à une veillée, et mon cousin avait des problèmes avec sa petite amie. Elle était fâchée parce que ce dernier n’était pas auprès d’elle tout au long de la soirée.
Un jeune homme de 23 ans a été abattu à bout portant dans la nuit du 12 au 13 octobre dernier à Soa. Ce n’est pas la première fois que M. Ayina F. perd un fils . Sauf que le dernier cas est brutal et tragique. Bilounga Ayina Alphonse, affectueusement appelé “ Lah ” séjourne à la morgue de l’Hôpital central depuis le 13 octobre. Raide mort. Le crâne ouvert par une balle de fusil tirée par un gendarme de la brigade de Soa. Le drame s’est noué dans la nuit du 12 au 13 octobre. Alors que la grande famille est réunie pour les obsèques d’une de leur fille. Des larmes s’échappent des yeux de la mère, visiblement plus éplorée. Un visiteur compatissant leur offre à boire en cette mi-journée dominicale. Ils boivent à peine. “ Papa, est-ce qu’il y a l’eau à boire ? ” Son père se souvient que Alphonse avait l’habitude de lui poser cette question les matins. En plus d’aller chercher de l’eau, il s’assurait que le véhicule de son père est propre. “ Ma voiture était toujours propre ”, se souvient-il. “ Je repense à ça. Il avait beaucoup de force. Il m’ont eu ”, regrette M. Ayina.
Les circonstances du décès de son fils ? Le papa du défunt raconte ce qu’il a appris. Bessala Angoula Georges, cousin du défunt, quant à lui a tout vu. “ L’incident a eu lieu autour de 3h30 de matin, entame-t-il, nous étions à une veillée, et mon cousin avait des problèmes avec sa petite amie. Elle était fâchée parce que ce dernier n’était pas auprès d’elle tout au long de la soirée. Au moment où elle voulait rentrer, il l‘a rejoint. Quelques minutes après, mon cousin est revenu en courant, dans un état crasseux. Il n’avait plus son t-shirt. ”
Il repart vers sa compagne. D’autres amis finissent par aller à son secours. Ils le retrouvent seul en route. Et s’en retournent en deux groupes. Georges voit une moto arriver. On l’interpelle. Les deux occupants de la moto garent. “ C’est la gendarmerie, mettez vos mains en évidence ! Je leur ai demandé, est-ce qu’il y’a un problème chef ? Il ne m’a pas répondu et ils se sont mis à nous fouiller. Le groupe de derrière nous a rejoint. En passant, la fille qui est venue annoncer la bagarre l’a pointé du doigt en disant ‘’Voilà le gars qui bagarrait avec mes frères et sœurs’’ ”, poursuit Georges. Les gendarmes entraînent Alphonse. “ Ils l’ont emmené de l’autre côté de la route, à côté de la radio qui est en construction. Là-bas, ils l’ont déshabillé. ” Georges se rend compte que l’autre groupe s’éloigne et lance : “ Vous partez où ? Vous voulez nous laisser ici ? ” Les autres auraient rétorqué : “ On va annoncer au village que vous êtes arrêtés. ”
“ Lah a sursauté comme s’il esquivait quelque chose. Le monsieur qui le tenait l’avait lâché et s’était mis de côté. Son arme était toujours accrochée. L’autre a tiré sur lui, Pan ! Pan ! Pan ! Trois coups, et il est tombé ”. Le collègue du tireur panique. Il démarre la moto en trombe et les deux s’en vont. “ J’ai crié au secours, personne n’est sorti. Je suis parti à ses côtés et j’ai éclairé à l’aide de ce portable. J’ai d’abord cru qu’il faisait le malin. Je constate que son crâne est ouvert du côté droit. Il était en train d’agoniser. Le liquide cérébral coulait par le nez et la bouche. Je ne sais pas comment décrire ça ”, dit le témoin. Bilounga Ayina Alphonse, né le 4 avril 1984, décède sur le coup.
Des chauffeurs et chargeurs de la ligne de Soa-Yaoundé, qui le connaissaient bien, sont sur les dents. Le commandant de la brigade (Cb) de Soa descend sur les lieux vers 5h30. Il s’ensuit une querelle avec la famille et les connaissances de la victime. La tension monte. Le Cb n’aura la vie sauve qu’en dégainant son arme pour se frayer un passage et fuir. La population barre la route. Le 4x4 de la brigade est brûlé. Le père de la victime tente de calmer le jeu. Les forces de l’ordre débarquent par camions. La circulation est rétablie dans l’après midi. Plusieurs autorités, administratives, judiciaires, et municipales font le déplacement et se saisissent de l’affaire.
Crime passionnel ?
Tout le monde croit savoir que c’est un crime passionnel. Des témoins affirment que “ Lah et le gendarme sortaient avec la même fille ”. Une certaine Messomo. D’autres par contre doutent de l’identité du gendarme. “ Je sais qu’elle sortait avec un gendarme, mais je ne sais pas si c’est lui qui a tiré ”, confie un proche de la famille. Moults interrogations fusent sur la présence des gendarmes alors qu'ils étaient en patrouille à l'entrée du campus. D'aucuns affirment qu'ils ont été appelés par une amie de la fille. D'autres pensent qu'ils ont été alertés d'une agression par le 117. Pour le moment, la fille au centre de l’affaire n’a pas été inquiétée. Alors que les deux gendarmes sont en garde-à-vue au secrétariat d’Etat à la défense (Sed). Le principal témoin y a été entendu dans la journée d’hier. Puis, une réunion de sécurité s’est tenue dans l’après-midi avec les autorités de la province du Centre. Des éléments de la légion du Centre sont en faction à la brigade de Soa.
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