| Index des articles > Politique > Causerie sur la pauvreté au pays du président Obiang Nguema
 |
Causerie sur la pauvreté au pays du président Obiang Nguema |
 |
|
Article posté par Arise1Always vu 407 fois. [ Malabo - Guinée Équatoriale ] ( 4/01/2006) Afriquecentraleinfo
La Radio-télévision équato-guinéenne (RTVGE), relais très officiel du sévère pouvoir de Malabo et toujours très peu critique, a récemment surpris ses auditeurs en diffusant une émission dénonçant sans ambages la "mauvaise distribution des richesses" pétrolières.
La Radio-télévision équato-guinéenne (RTVGE), relais très officiel du sévère pouvoir de Malabo et toujours très peu critique, a récemment surpris ses auditeurs en diffusant une émission dénonçant sans ambages la "mauvaise distribution des richesses" pétrolières.
Les derniers invités de "La Tertulia" (la causerie) diffusée chaque semaine n’ont pas mâché leurs mots pour fustiger "l’extrême pauvreté" dans laquelle vit l’immense majorité du million d’habitants de la Guinée équatoriale, pourtant troisième producteur de brut subsaharien.
"Le secteur du pétrole a ruiné tous les autres. Au lieu de distribuer les recettes du pétrole pour promouvoir la croissance des autres secteurs comme l’agriculture (...) certains ont préféré mettre l’argent dans leurs poches", s’est par exemple insurgé Santiago, un agriculteur.
"L’exode de la population rurale vers la capitale est normal aujourd’hui. Tout le monde est attiré par le boom pétrolier" qui "malheureusement se traduit par le fait que 2% seulement de la population vit dans l’abondance tandis que 98% vit dans la pénurie", a de son coté déploré Juan, un fonctionnaire.
Ces interventions, inhabituelles sur une chaîne soumise à la censure et que ses détracteurs pointent du doigt pour sa propension à relayer fidèlement la parole officielle, n’étaient pourtant pas des dérapages.
L’émission était enregistrée et non diffusée en direct et le présentateur lui-même, Siméon Sopale, avait ouvert les débats sur le même ton, en déclarant: "La pauvreté est présente au quotidien. Aujourd’hui on voit même la mendicité partout".
"Le vrai problème est dans la distribution des revenus", a-t-il ajouté, mettant l’accent sur les énormes disparités de salaires entre les hauts cadres du secteur pétrolier et les fonctionnaires.
"Avant l’apparition du pétrole, on notait moins de pauvreté. Avec son apparition et l’accélération de la croissance économique (...) le pouvoir d’achat (de la population) a baissé (...) entraînant l’extrême pauvreté", a renchéri Ramon Etobori, directeur du mensuel gouvernemental Ebano, invité de l’émission.
"Il n’y a pas vraiment de censure", minimise Siméon Sopale. "Je dispose de l’entière responsabilité de ce que je passe à l’antenne", assure-t-il admettant pourtant que deux émissions précédentes soumises à la direction, sur les salaires et sur les droits de l’Homme, n’ont jamais été diffusées.
Il est vrai que la pauvreté et la disparité des revenus sont visibles tant à Malabo, où buildings et villas flambant neufs et 4X4 rutilants ne peuvent cacher les bidonvilles insalubres où s’entasse la majorité de la population, qu’à Bata, capitale économique toujours dépourvue de réseau d’eau courante.
La Guinée équatoriale, pays pétrolier depuis les années 90 et qui connaît depuis plusieurs années une croissance à deux chiffres, est classée à la 121e place au titre de l’indice de développement humain (IDH) du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) en 2005, perdant 12 places par rapport à 2004.
L’espérance de vie de la population est passée de 49,1 ans en 2004 à 43,3 ans en 2005, en raison de "la baisse de la qualité de la vie", selon le Pnud.
Et pour la population, ce n’est pas une émission de télévision qui changera la situation. "Parler de misère à la télévision à quoi ça sert? Tout est et sera toujours pareil d’année en année", estime Antonio, un vieux fonctionnaire à la retraite.
"La télévision fait de la démagogie, la coupe est pleine depuis des années et elle aurait dû depuis longtemps dénoncer cette situation devant laquelle tout le monde a jusqu’ici fermé les yeux", renchérit Juan, assis dans un bar de Malabo.
© 2005 Afriquecentrale.info
|
|
 |
|
 |
[ Imprimer cet article ]
>> Vos commentaires [2]
|