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Fabrication et vente des beignets : les Chinois envahissent |
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Article posté par Arise1Always vu 348 fois. [ Yaoundé - Cameroun ] ( 27/07/2005) Blandine Sylvie MBOUKENG
Après avoir inondé la ville avec leurs articles, les Chinois imposent désormais leurs beignets qui talonnent de près les "ça va se savoir" locaux. Ces beignets ont fait leur apparition pour la première fois au quartier Mvog-Ada, il y a quelques mois. L’activité de ce groupe de Chinois s’est ensuite déportée à Mokolo où se concentrent plusieurs boulangeries chinoises.
Angèle D., jeune vacancière se promène le long de la route avec son seau transparent, rempli des beignets, fabrication camerounaise, appelés “ ça va se savoir ”. Ces beignets livrés à 40 Fcfa la pièce sont revendus à 50 f. Angèle en vend presque deux seaux par jour et réalise un bénéfice d’environ 1200 Fcfa. Pour attirer la clientèle, elle les accompagne de sucettes, d’eau glacée ou de lait fabriqué localement, d’autres y associent les œufs à la coque. Autant d’astuces pour faire face à la concurrence imposée depuis un certain temps par les Chinois, dont les beignets sont plus succulents, de l’avis de certains consommateurs.
" 50, 50 beignets chinois ". C’est de cette façon que Jacques Teukam, quinze ans environ, regard vif et pas alerte, interpelle les passants et propose sa marchandise. Cet élève en classe de 4ème dans un lycée de Yaoundé, vend comme ces autres garçons qui l’entourent, des beignets chinois, devant le commissariat du 2ème arrondissement de Mokolo. Au même instant dans les marchés, et certaines artères de la ville, de nombreux jeunes gens se livrent à la même activité. On les voit avec des plateaux en bois où sont exposés ces beignets que les Camerounais dégustent avec délectation. Parfois, ce sont les fabricants chinois qui s’installent personnellement devant leurs magasins et hèlent les passants.
Provenance
Ces beignets ont fait leur apparition pour la première fois au quartier Mvog-Ada, il y a quelques mois. L’activité de ce groupe de Chinois s’est ensuite déportée à Mokolo où se concentrent plusieurs boulangeries chinoises. Ces dernières, dirigées par des patrons asiatiques, recrutent des nationaux pour certaines tâches dans la fabrication de la pâtisserie chinoise et des jeunes gens pour l’écoulement. Tous les matins une centaine s’y ravitaillent.
Serge Ekoumè vend devant l’hôpital central de Yaoundé et y fait plusieurs tours par jour. "Quand je vends bien, c’est presque 500 beignets par jour. Ayant dépensé 20.000 Fcfa, j’ai réalisé un bénéfice de 5000 Fcfa. Je fais cela avec l’aide de mes petits frères", confie-t-il, satisfait.
Gérard O, responsable d’un commerce à Obala fait le trajet Obala - Yaoundé au moins deux fois par jour." Au début je prenais environ 1000 beignets à 40.000 Fcfa que je revendais à 50.000 Fcfa. Par jour j’avais un bénéfice de 10.000 Fcfa. Avec les vacances, la vente a chuté. L’arrivée des vacanciers a provoqué une situation du marché. J’arrive difficilement à vendre 500 beignets”.
Etre vendeur chinois
Avec l’arrivée des vacances, de nombreux jeunes se sont lancés dans cette activité pour assurer leur rentrée scolaire. Pour être “vendeurs chinois ”, ils remplissent les conditions exigées par le fournisseur. “ J’ai commencé ce commerce en juin dernier. J’ai déposé ma carte d’identité chez M. Linsou, l’un des responsables du restaurant de l’Amitié. Après chaque vente, je rentre faire les comptes et je perçois mes 20 % ”, raconte Pierre Paul. D’autres versent une caution, ou déposent une photocopie de la carte nationale d’identité d’un de leurs parents. Quant aux grossistes, ils achètent à 30 ou 40 Fcfa la pièce qu’ils revendent à 50 Fcfa. Certains Coréens dans ce réseau négocient leurs prix avec les boulangers chinois et redistribuent les beignets aux vendeurs moyennant une certaine marge bénéficiaire. “ Parfois, on est obligé de les solder à la tombée de la nuit. On les laisse alors 3 à 100 Fcfa pour éviter les retours massifs ”, souligne cet autre vendeur.
La prolifération de ces beignets chinois matérialise seulement la notion de la mondialisation, mais aussi traduit le culte de l’effort, dont fait preuve ces Chinois et leur capacité à s’adapter à toutes les situations. Il faut travailler pour avoir son pain quotidien.
Blandine Sylvie MBOUKENG (stagiaire)
© 2005 Le Messager
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