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Morte sur une table d'accouchement |
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[ Dschang - Cameroun ] ( 24/03/2005) Claude Tadjon
L'affaire fait grand bruit à Dschang. La brigade de recherche de la localité vient d'ouvrir une enquête, à la suite d'une plainte déposée dans le cabinet du procureur de la République auprès du tribunal de grande instance de la Menoua par la famille de Marthe-Grâce Megnidong, décédée dans un centre de santé privé, Protecma.
En plus de la procédure judiciaire engagée contre le promoteur, une démarche administrative a été entreprise auprès du chef de district de santé qui, par ailleurs, est son supérieur hiérarchique. L'affaire remonte au 08 mars dernier. Marthe-Grâce Megnidong est admise dans un centre de santé à Dschang. Couturière âgée de 35 ans, elle devait mettre au monde un enfant qu'elle portait dans ses entrailles depuis 37 semaines et environ. Un exercice d'autant plus simple, pensait-on, que cette femme célibataire n'était pas à sa première expérience. Selon les témoignages recueillis auprès de sa famille, elle comptait quatre accouchements qui se sont tous déroulés sans incidents.
Ceci ne sera malheureusement pas le cas le 8 mars dernier, le jour fixé pour le cinquième accouchement. Loin des agapes de la Journée internationale de la femme, Marthe-Grâce Megnidong sera, dès 8h, reçue dans le centre de santé, pour "une rupture des membranes" depuis deux jours, précise son carnet médical. Jusqu'ici, rien d'anormal. Tout va cependant se compliquer par la suite. "Vers 11h, affirme Hugues Dongmo, le frère aîné de Marthe-Grâce, après avoir reçu des médicaments pour provoquer l'accouchement, ma soeur cadette est entrée dans un coma profond". Deux produits ont en effet été administrés à Marthe-Grâce Megnidong pour faciliter la sortie du foetus. Il s'agit notamment d'un demi comprimé de Citotec et de quatre ampoules de Spafon. Les deux dernières ampoules de Spafon lui ont été administrées à 9h30mn.
Ces médicaments, dont le personnel médical du centre de santé attendait qu'ils accélèrent le processus d'accouchement, donneront plutôt lieu, vers 11h30mn, à des sensations d'étouffement suivies d'une perte de connaissance. Plus tard, alors qu'elle était toujours dans le coma, des saignements abondants seront observés au niveau de son appareil génital, selon des informations contenues dans son carnet médical. Une évolution plutôt inattendue pour la famille de Marthe-Grâce Megnidong, ce d'autant plus que les tentatives de réanimation n'ont produit aucun effet souhaité. Certains spécialistes consultés à Yaoundé n'ont pas caché leur perplexité devant l'association du Citotec et du Spafon dans un intervalle de temps qu’ils disent rapproché.
Devant la gravité de la situation, c'est seulement vers 16h que Marthe-Grâce Megnidong sera évacuée à Fiangep Polyclinic, clinique de grande réputation dans la ville Dschang. Une structure dotée, dit-on, de meilleurs équipements de réanimation que le centre de santé. Pendant ce temps, soulignent les premières observations de la clinique contenues dans le carnet médical, la patiente était toujours plongée dans le coma et continuait de saigner abondamment. Plus grave, la prise de ses paramètres médicaux révélait une tension artérielle et un pouls d'ores et déjà nuls. Marthe-Grâce Megnidong était quasiment morte lors de l'évacuation. Même si officiellement, ainsi qu'il est mentionné dans la déclaration de décès, c'est à 17h qu'elle a rendu l'âme. Tandis que le foetus sans vie a été extrait du corps inerte de la mère par une opération dans la même nuit du 8 mars.
© 2005 MUTATIONS
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