12 médicaments retirés du marché
[ Yaoundé - Cameroun ] ( 26/07/2005) Frédéric BOUNGOU
Locabiotal, Lysopaïne, Veybirol, Tyrothricine, Solutricine, etc., interdits à la vente. Les pharmaciens camerounais se montrent sereins. La mesure, prise par l’Afssaps, Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé, entre en vigueur le 30 septembre prochain.
Douze antibiotiques utilisés dans le traitement de certaines maladies comme la pharyngite (mal de gorge), l’angine, la rhinopharyngite, et autres infections buccales, ne seront plus commercialisés à partir de cette date. D’origine virale, ces maladies, dans la majorité des cas, guérissent spontanément avec ou sans traitement. Ces médicaments ont été jugés “ inefficaces ” par l’agence française de sécurité sanitaire des produits de santé. Parmi les médicaments visés, les comprimés à sucer Solutricine, Lysopaïne, Ergix mal de gorge, les solutions pour pulvérisation nasale ou buccale Locabiotal ou Argicilline et Bacitracine, les comprimés Oropivalone, etc. Ces produits ont la particularité de traiter le mal de gorge et ne sont utilisables que par voie locale.
Cette mesure de l’Afssaps jugée “ courageuse ”, vise la rationalisation de l’usage des médicaments. “ Notre pays (La France, Ndlr) se caractérise par une forte utilisation de ces formes locales. ” Selon le Dr Isabelle Pellanne de l’Afssaps, la France a un des taux les plus élevés d’Europe de résistance aux antibiotiques. La réévaluation du rapport bénéfice/risque de toutes les spécialités locales contenant les antibiotiques engagés en 2001 a déjà conduit au retrait d’une première vague de ces médicaments du marché en 2003, explique le Dr Pellanne. “ Les antibiotiques par voie générale permettent de raccourcir la durée de l’angine, d’empêcher les complications, mais utilisés par voie locale, ils n’ont pas cette efficacité, précise le professeur Jean-François Bergmann de l’hôpital Lariboisière à Paris. Et dans les angines virales, ils ne servent à rien. Ils peuvent entraîner l’émergence de souches résistantes. ”
La rationalisation de la pharmacopée se poursuit par la réévaluation d’un certain nombre de crèmes à usage cutanée dans le traitement des infections de la peau. Comme les collyres pour les yeux, le rapport bénéfice-risque leur est défavorable. Ils risquent donc aussi de passer à la trappe très prochainement, annonce-t-on.
Une bonne chose pour les malades
Au Cameroun, la mesure de l’Afssaps trouve un écho globalement favorable. Sur le plan strictement médical, des pharmaciens approuvent la décision. “ Elle va rendre les malades moins paresseux ”, reconnaît le Dr Bitchoka de la pharmacie du Centre, à Douala. Ceux-ci avaient tendance, explique-t-elle à préférer, par facilité, “ les pastilles, sprays ” et autres médicaments utilisables par voie locale au détriment d’antibiotiques plus efficaces. “ C’est dommage que pour une angine, les malades refusent de prendre un antibiotique sérieux. ” Un comportement qui serait à l’origine de certains cas de rhumatisme articulaire ou de l’inflammation du myocarde, dûs à l’émergence de souches résistantes. Pour cette pharmacienne, le retrait des douze médicaments “ est une bonne chose pour le malade. ”
Il en va autrement pour les fabricants. C’est sûr, la mesure prise est une mauvaise chose pour les laboratoires qui écoulent chaque année des dizaines de millions de boîtes de ces médicaments à travers le monde. Les recettes des pharmacies au Cameroun vont aussi subir un coup, même si leurs responsables veulent minimiser cet impact. En plus des prix relativement élevés (Une boîte de Solutricine coûte 5015 f Cfa ; une boîte de Drill, 5 260 F Cfa ; une boîte de Locabiotal, 2 905 F Cfa), ces produits font partie des plus consommés. Pour le moment, les pharmaciens rencontrés se montrent sereins. “ C’est vous qui nous informez. Nous n’avons encore reçu aucune note de nos fournisseurs et nous attendons une notification officielle du ministère de la Santé ”, disent-ils en substance.
© 2005 Le Messager
Article écrit par Arise1Always le Jeudi 28 juillet 2005 à 07h44