A la découverte des voisins de Paul Biya : Balade à «l’elobi
[ Yaounde - Cameroun ] ( 29/03/2005) Junior Binyam
Le site querellé par les autochtones continue à voir émerger des habitations d’un luxe insolent. Tous ont dans leur mire leur lieu de travail et à l’oblique gauche de l’autre côté du rond-point, la résidence privée de Paul et Chantal Biya. On y trouve les lots de Achidi Achu, Niat Njifenji, Joseph Owona, P.Désiré Engo, Etame Massoma, Etoundi Atangana, Jospeh Fofe, Georges Niat,etc..On y retrouve certains propriétaires des habitations les plus récentes.Ahmadou Oumarou,Georges Ngango, Laurent Angouand,Pierre Moukoko Mbonjo, R. Owona et Atangana Mebara.
Découverte : Balade à «l’elobi» des merveilles Le site querellé continue à voir émerger des habitations d’un luxe insolent.
Découverte Balade à «l’elobi» des merveilles Le site querellé continue à voir émerger des habitations d’un luxe insolent. Une faculté de médecine et de pharmacie en contre-bas de l’école publique de Bastos aurait-elle donné meilleure allure à cette aire que ce qu’on peut y entrapercevoir aujourd’hui ? Il y a lieu d’en douter. Elle aurait certes été plus utile pour la collectivité, mais ce qui y a poussé - puisqu’il faut s’en accommoder à moins que… - donne à voir.
Des habitants des quartiers chics de Paris, Los Angeles et New York dissimuleront difficilement leur ahurissement devant les habitations qui y ont été construites. Surtout quand ils apprendront que les propriétaires, pour l’essentiel, ne sont que des fonctionnaires qui ont occupé ou occupent de hautes fonctions. L’architecture, les matériaux utilisés, le soin apporté aux travaux sont les quelques éléments qui sont laissés à la merci du curieux altruiste. Pour pouvoir admirer le tableau, il faut parvenir à dénicher une position avantageuse, faute de quoi on se contentera, dans le meilleur des cas, de la toiture et des fenêtres de l’étage.
La norme dans le secteur est R+1 (un rez-de-chaussée plus un étage). Pour se rincer donc l’iris et surmonter l’obstacle que constituent les hautes barrières dont l’épaisseur des murs et des poutres atteste de ce que le rationnement du béton armé est loin d’être une préoccupation durant des travaux au cours desquels, à l’observation, on calcule peu à la dépense, il faut prendre de la hauteur et après se donner les moyens de voir, même de très loin.
Un bon poste d’observation se situe non loin de la résidence en chantier d’un haut gradé de l’armée en service à la présidence de la République qui, d’ici peu, pourra mieux observer certains de ses collaborateurs qui habitent déjà la vallée. Tous ont dans leur mire leur lieu de travail et à l’oblique gauche de l’autre côté du rond-point, la résidence privée de Paul et Chantal Biya. Fascination Dans l’impossibilité de se muer en passe-muraille, on ne peut que se laisser aller à la rêverie en pensant à tout le luxe des pièces intérieures, l’exotisme des jardins, la forme de la piscine, les gadgets du garage.
En attendant le jour où, par un coup du destin, on pourra y entrer pour une visite guidée, l’imagination peut toujours courir. Cette fascination fonctionne davantage pour les dernières maisons construites dans ce lotissement tout à l’entrée de la route bitumée qu’on emprunte à partir du rond-point de l’école publique de Bastos. Elles tranchent dans leurs tons avec le blanc dont on a peint la plupart des villas, moins récentes, qu’on découvre de part et d’autre de la route, au fur et à mesure qu’on avance dans le quartier.
Même les quelques autochtones encore présents, dont les modestes maisons derrière lesquelles coulent le Mfoundi et qui font tâche dans l’opulence ambiante, ont adhéré à ce qui semble être une contrainte d’harmonie des couleurs, prescrite en son temps. Il faut aller jusqu’au delà de la première intersection avec la rue qui vient de New-Bastos pour voir cette symbiose autour de la couleur blanche se briser, avec un immeuble imposant dont les tons marron cassé détonnent. Baptisé «Dzal Afidi» (village de l'espoir), il a été construit en plein marécage et jouxte un cours d'eau au niveau de la piste qui mène à l’immeuble de l'Agence de régulation des marchés publics (ancienne Dgtc).
Son propriétaire, un ministre en fonction, doit justifier d’une surface financière conséquente car cet immeuble ressemble, à s’y méprendre, à un autre érigé au quartier Nkol-Eton. Dès lors, une réflexion faite récemment par l'un des autochtones de cette zone trouve toute sa pertinence : «Grande est notre surprise de nous voir menacés d’interdiction de construire alors que sur le long de la rivière Mfoundi, de part et d’autre du rond point, il y a des constructions. Seule la petite bande de notre côté de la route se trouverait donc en problèmes?» Une réponse impartiale à cette question pourrait bien modifier la face de ce quartier chic qui, après les Denver, Santa Barbara et Koweït City, n’a pas encore un nom de baptême connu.
Dans une correspondance confidentielle datée du 30 juin 1999 et adressée au Premier ministre, avec en objet, «pacification lotissement Ekoudou Bastos», le ministre de l'Urbanisme et de l'Habitat, Pierre Helle, fait le point à sa hiérarchie de la situation des 50 lots «mis à la disposition de quelques citoyens et personnalités de la République». En fait 45, puisque comme ne le mentionne pas cette lettre, 5 lots avaient déjà été réquisitionnés par le président Ahidjo comme participation de l'Etat du Cameroun au capital d'Intelcam. Parmi les 15 attributaires à déchoir, puisqu'ils n'ont pas payé les droits, pour restitution des terrains aux autochtones, mécontents, on retrouve quelques noms célèbres comme Ndongo Essomba, Tokpanou, Metogo Atangana, Pascal Lele, Joseph Fouda...
Dans les 23 lots restants, 14 propriétaires doivent voir s'ouvrir la procédure d'obtention du titre foncier. Ce sont : Simon Achidi Achu, Marcel Niat Njifenji, Joseph Owona, Pierre Désiré Engo, Siegfried Etame Massoma, Dieudonné Etoundi Atangana, Jospeh Fofe, Georges Niat, Salomon Tchatchoua, Marie Mbani, Marie Mengue, Luc Elongo Metala, Komidor Njimoluh, Madeleine Pom. Le dernier contingent regroupe ceux qui «s'étaient acquittés des redevances et [ont] même obtenu des avis de vente de gré à gré».
Le bornage des parcelles en ce qui les concerne est l'étape entrevue. C'est dans ce groupe qu'on retrouve certains propriétaires des habitations les plus récentes sur le site. Cette dernière vague comprend : Nchungong (sic) Ayafor, Ahmadou Oumarou, Djiki Mpeck, Georges Ngango, Laurent Angouand, Nana Aboubakar Djalloh, Pierre Moukoko Mbonjo, René Owona et ... Claude Atangana Mebara. Très probablement que ce nom, dans cette correspondance, venant avant celui du général Claude Laurent Angouand, a hérité d'un prénom par une erreur de frappe comme on en trouve bien d'autres dans cette lettre. Car, vérification faite, celui qui habite le quartier aujourd'hui est bel bien Jean Marie Atangana Mebara...
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Article écrit par Arise1Always le Mardi 29 mars 2005 à 09h50